En France, 24 espèces de mammifères marins sont recensées sur les côtes, dont 3 espèces sédentaires. Leur protection et leur suivi sont indispensables pour préserver ces populations menacées par les activités humaines. Cet état des lieux détaille la répartition des espèces et les mesures de conservation mises en place.
Les principales espèces de mammifères marins en France
Les eaux françaises abritent une riche diversité de mammifères marins, avec 24 espèces recensées sur l'ensemble des façades maritimes. Ces animaux, adaptés à la vie aquatique tout en conservant leurs caractéristiques de mammifères (respiration aérienne, sang chaud, allaitement), constituent un groupe taxonomique fascinant dont la préservation nécessite une attention soutenue.
Les espèces sédentaires
Trois espèces de mammifères marins résident en permanence dans les eaux françaises. Le Grand Dauphin (Tursiops truncatus), mesurant jusqu'à 3 mètres de long, fréquente principalement le golfe normand-breton et le bassin d'Arcachon. Le Marsouin commun, plus petit avec ses 1,5 mètres, se rencontre essentiellement en Manche et mer du Nord. Le Phoque veau-marin établit ses colonies en baie de Somme, baie du Mont Saint-Michel et baie des Veys.
Les visiteurs réguliers
Quatre espèces sont observées régulièrement sur nos côtes sans y être sédentaires :
- Le Phoque gris, présent sur l'ensemble du littoral Manche-Atlantique
- Le Dauphin commun, particulièrement abondant dans le golfe de Gascogne
- Le Globicéphale noir, observé au large des côtes bretonnes
- Le Dauphin de Risso, fréquentant la Méditerranée et le golfe de Gascogne
Distribution géographique
La répartition des mammifères marins varie selon les façades maritimes. La Manche accueille principalement les populations de phoques et marsouins. Le golfe de Gascogne concentre une grande diversité de cétacés, tandis que la Méditerranée héberge des populations distinctes de Grand Dauphin et accueille régulièrement des rorquals communs.
Tailles comparées des principales espèces
Espèce | Taille moyenne (m) |
Marsouin commun | 1,5 |
Dauphin à bec blanc | 2,5 |
Grand Dauphin | 3,0 |
Suivi et recherche scientifique

Le suivi scientifique des mammifères marins en France repose sur des réseaux d'observation structurés et des protocoles rigoureux de collecte de données. Ces dispositifs permettent d'étudier la distribution, l'abondance et l'état de santé des populations.
Le Réseau National Échouages (RNE)
Coordonné par l'Observatoire Pelagis, le RNE fédère plus de 400 correspondants habilités sur l'ensemble du littoral français. Ces correspondants interviennent sur les échouages pour identifier les espèces, réaliser des mesures biométriques et des prélèvements biologiques. Les autopsies effectuées sur les animaux échoués déterminent les causes de mortalité et documentent l'état sanitaire des populations.
En Normandie, les données d'échouages montrent une prédominance du marsouin commun qui représente 65% des cas entre 2018 et 2022, contre 51% au niveau national d'après le rapport ICES 2022. Le Groupe d'Étude des Cétacés du Cotentin (GECC) centralise les observations en Manche.
Les campagnes de survols aériens
Des survols aériens réguliers permettent de recenser la mégafaune marine. En 2019-2020, 8 sessions de survol ont été programmées selon un protocole standardisé. Les observateurs embarqués notent la position GPS, l'espèce et le nombre d'individus pour chaque observation.
Sessions de survol 2019-2020 | Zones couvertes |
Printemps 2019 | Manche Est et centrale |
Été 2019 | Manche Ouest |
Automne 2019 | Ensemble Manche |
Hiver 2020 | Zones côtières Normandie |
Analyses scientifiques des données
Les données collectées alimentent des bases nationales et européennes. Des analyses statistiques permettent d'évaluer les tendances démographiques, la répartition géographique et saisonnière des espèces. Les résultats orientent les mesures de conservation et documentent l'état écologique des eaux françaises.

Menaces et état de conservation

Les mammifères marins des eaux françaises subissent de nombreuses pressions qui fragilisent leurs populations. Sur les 7 espèces régulièrement observées en Normandie, 5 sont classées menacées d'extinction et 2 sont quasi menacées selon la liste rouge régionale.
État de conservation des espèces
Le marsouin commun et le phoque veau-marin sont classés "quasi menacés" (NT). Le grand dauphin, le phoque gris, le dauphin commun, le globicéphale noir et le petit rorqual sont classés "vulnérables" (VU) ou "en danger" (EN). Cette situation préoccupante résulte de plusieurs facteurs de menaces.
Principales menaces identifiées
Les captures accidentelles dans les engins de pêche professionnelle constituent la première cause de mortalité non naturelle. Les filets maillants et les chaluts pélagiques sont particulièrement meurtriers pour les petits cétacés. En 2022, plus de 65% des marsouins échoués en Normandie présentaient des traces de capture.
La pollution sonore sous-marine perturbe gravement les mammifères marins. Les opérations de déminage et la construction des parcs éoliens en mer génèrent des niveaux sonores très élevés. Ces bruits peuvent provoquer des lésions physiologiques et modifier les comportements.
Dérangement par les activités humaines
Le développement des activités d'observation touristique accroît les risques de dérangement. Un arrêté ministériel de 2011, révisé en 2020, impose une distance minimale d'approche de 100 mètres pour limiter ces perturbations. L'Office français de la biodiversité (OFB) veille au respect de cette réglementation.
Actions de conservation
Des mesures de protection sont mises en place : création d'aires marines protégées, encadrement des activités, sensibilisation du public. Un miniguide sur les mammifères marins (2,00€) permet de mieux connaître ces espèces pour mieux les protéger. La coordination entre les différents acteurs (scientifiques, gestionnaires, usagers) constitue un enjeu majeur pour leur conservation.

Réglementation et bonnes pratiques d'observation

L'observation des mammifères marins en France métropolitaine et dans les territoires d'outre-mer nécessite le respect d'une réglementation stricte visant à préserver ces espèces protégées. Les règles encadrent les modalités d'approche et d'observation, aussi bien pour les professionnels que pour les particuliers.
Distances réglementaires d'observation
Dans les aires marines protégées, la distance minimale d'approche est fixée à 100 mètres pour tout type d'embarcation. Cette mesure, établie par l'arrêté ministériel de 2020, s'applique sur l'ensemble du territoire français. L'Office français de la biodiversité (OFB) veille au respect de ces distances, notamment dans le sanctuaire Pelagis en Méditerranée, où les agents effectuent des contrôles réguliers.
Label "High Quality Whale Watching"
Cette certification, créée pour encadrer l'observation commerciale, impose des règles additionnelles aux opérateurs :
- Un seul navire autorisé dans un rayon de 300 mètres autour des animaux
- Formation obligatoire des guides-naturalistes
- Respect d'un code de bonne conduite pour la prise de photos
- Transmission des données d'observation aux scientifiques
Dispositions particulières selon les territoires
À La Réunion, des mesures spécifiques interdisent la nage avec les mammifères marins aux personnes de moins de 8 ans. Cette réglementation locale renforce le dispositif national de protection. Les professionnels locaux proposant des sorties d'observation doivent obtenir une autorisation préfectorale.
Documentation et ressources
Le guide "Mammifères marins du monde", disponible en librairie au prix de 39,00 €, détaille les bonnes pratiques d'observation pour les 129 espèces recensées. Cette documentation technique constitue une référence pour les observateurs, qu'ils soient professionnels ou amateurs.

L'essentiel à retenir sur les mammifères marins en France
La protection des mammifères marins nécessite de nombreuses actions coordonnées entre surveillance, réglementation et sensibilisation du public. Le développement des énergies renouvelables en mer et l'augmentation du trafic maritime appellent à renforcer ces dispositifs dans les années à venir. La formation continue des correspondants du Réseau National Échouages permettra d'améliorer le suivi des populations.